mercredi 29 juin 2011

Au CHU...

Service pédiatrie, avec MM2. Nous avons pris nos quartiers pour quelques jours, le temps de tuer un sale germe qui veut pas se faire la malle avec l'antibiothérapie classique.

Margaux a 7 ans et ne se déplace que sur un fauteuil roulant hyper hightech full equiped, entièrement adapté à son lourd handicap. Cette petite merveille de la technologie lui permet d'avancer aussi vite que si elle courrait, de monter et descendre afin d'atteindre des objets en hauteur, et de manipuler l'engin à l'aide d'un simple joystick.

Le service de pédiatrie est ainsi conçu que 2 couloirs se rejoignent en formant un îlot central, ce qui permet aux enfants hospitalisés de "faire des tours".

MM2 la regarde curieusement et me dit :

"Dis maman, la petite fille, quand elle aura fini de jouer avec sa voiture, tu crois qu'elle pourrait me la prêter ?"

dimanche 19 juin 2011

Aux antipodes...

Fin avril 2011, séance de shopping avec MM1 au centre commercial.
Nous nous dirigeons vers la voiture, lorsque nous sommes abordées par un jeune homme, qui nous demande un peu d'argent, il a faim et n'a plus de domicile. J'ai beau fouiller mes poches, je n'ai pas de monnaie.

- Maman, il voulait quoi, le monsieur ? de l'argent ? et pourquoi il te demande de l'argent ?
- Ben écoute ma puce, le monsieur n'a plus de maison, ne travaille sans doute pas et n'a plus d'argent pour acheter à manger. C'est pour cela qu'il demande aux gens quelques pièces pour se payer un sandwich ...
- C'est triste... tu crois qu'il va trouver des sous pour manger ? et si personne ne lui en donne, il va se passer quoi ? et est-ce que tu sais pourquoi il n'a plus de maison ? et ses parents, ils sont où ? ils sont morts ? il doit être triste, et seul...

Début juin 2011, petite promenade devant l'hôpital avec MM2, en attendant le résultat de sa prise de sang.
Un jeune homme nous aborde, il cherche 12 euros pour passer la nuit dans un foyer et manger un bout. Il a l'air très jeune et très fatigué. Je lui donne 1 euro trouvé au fond de ma poche et demande comment il en est arrivé là : il sort de prison et n'est plus le bienvenu chez lui.

- Maman, tu lui as donné de l'argent ?
- Oui, ma chérie. Il a faim et voudrait dormir au chaud ce soir.
- OK, mais ça suffit maintenant, tu dois garder tous tes sous pour qu'on parte en vacances !!

Mouais.
Y'en a une qui s'est vue vieille et à l'hospice du coup.

mardi 12 avril 2011

Scandez scandez !

L'heure des revendications sérieuses a sonné, si si.

Même que parfois, c'est drôle. Pas tout le temps, entendons-nous.

Par exemple, lorsque MM1 décrète un lundi matin, jour de "réveil à la bourre pour cause de changement d'horaire la veille", que le rose, c'est ter-mi-né et qu'à présent, elle voudrait pluuusssss de noir dans ses habits, avec des pointes de bleu, d'orange, et de pailleté, ben là, non, clairement, c'est pas drôle.

Même que lorsque vous avez décidé de vendre un bras et un demi-foie pour refaire le plein de chaussures pour le printemps et l'été pour vos filles, et que la grande vous sort devant d'autres mamans et 3 vendeuses que la chaussure que vous vous apprêtiez à lui faire essayer a un style "trop bébé" et qu'elle cherche "un look avant tout" à 6 ans et 3 mois et demi, soit 75 mois virgule 5, c'est croustillant pour les autres certes, mais c'est pas drôle.

Sans compter sur MM2 qui utilise chantage à tout bout de champ et négocie de ranger ses chaussures si et uniquement si elle reçoit 3 oeufs en chocolat (elle sera bonne en maths, elle, c'est sûr !) et décrète que si ça continue ainsi, elle ne m'invitera pas à son anniversaire. Non, décidément, c'est pas drôle.

Mais quand MM1 et MM2 se retranchent dans la cuisine pendant 20 minutes après avoir supplié qu'on accède à leur désir ultime de regarder le dessin animé des Winx et qu'on leur ait répondu 20 fois non, pour confectionner sur A4, à l'instar d'un calicot, le message suivant : "si tu nou lèse regarder les Wics on tembètra plu" et venir défiler au salon en coeur, ouais, ça, c'est drôle !

Et créatif. Et instructif. Et une occasion de parler orthographe. Ce n'est qu'un début. Enfin, j'espère (mais j'le dis vite quand même).

samedi 29 janvier 2011

Moment zen.

- Bon, on lève le camp ? dit Mémère au Prince, sous-entendu, tu récupères les filles et on file, j'en ai marre. De fait, après une matinée courses et un après-midi qui s'annonçait pareil, la pause fast-food s'était imposée, comme l'unique carotte pour faire avancer les miss qui auraient largement préféré démonter leur chambre, et le salon tant qu'à faire.

Le Prince avait à peine acquiescé que j'avais compris sa technique, qui consistait à récupérer nos filles perchées dans les jeux parmi 25 autres gamins, dont 8 qui pleuraient, gentiment, poliment, à leur faire des regards vers la sortie, devant un parterre médusés de parents crevés savourant un reste de coca plat ou un café dans un gobelet en carton (l'horreur absolue pour déguster un kawa, non ?)

C'était pas ma technique. Pas les jours où ma patience frôle la barre du zéro, et où je fulmine contre l'administration communale de ne pas me laisser peindre ma façade de maison de la couleur que moi, j'ai choisie.

Technique mémère : "MM1, MM2, ON Y VAAAAAA !"

Même pas peur. Ma voix passe aisément au-dessus des pleurs des 8 gamins. Ouais, même qu'elles sont plusieurs, des mères, à me regarder, l'air complice, et à approuver.

L'effet fut de courte durée. En effet, tout au loin, on a bien pu entendre et comprendre MM2, furibarde, s'exclamer à pleins poumons : "Eeeeeeh m'man, CALMOS hein, on t'a entendu, on arrive hein !" sur un ton, misère, d'une arrogance maximale.
Alors bien sûr, quand on est multipare, l'expérience maternelle s'additionne, faut pas croire que les parcours se ressemblent ! Ainsi, 6 et 4,5 ans, ça fait 10 ans et demi d'expérience parentale, voyez vous !

Et forte de cette expérience, il m'a été aisé d'atomiser du regard les 3 futures primipares qui me dévisageaient, indignées de mes techniques éducationnelles qui se soldaient au vu de tous par de l'insolence en barre, tout comme il été simple de déchiffrer le regard amusé de ma voisine qui compatissait sincèrement.
Finalement, elles se sont rappliquées, les Miss, certes en râlant, mais du 1er coup. MM2 avait bien besoin de me faire part de sa profonde indignation de devoir interrompre ses cabrioles fast-foodiennes de sa voix cassée et puissante, mais elle est venue quand même, c'te râleuse.
Et chez vous, c'est méthode soft ou ... pas ?

lundi 24 janvier 2011

Ulcère (Stade III)

Cher Monsieur D.,

Voilà 6 mois que nous partageons un dossier tout ce qu'il y a de plus administratif, puisqu'il s'agit de la retraite de ma belle-mère. Vous ne mesurez pas, j'en suis sûre, la chance que vous avez, de ne pas avoir dû gérer ce dossier avec Dame Belle-Doche en question, tant vous auriez pleuré de ne jamais pouvoir le passer dans la pile des "terminés - à archiver".

Sachez que je dois avoir au moins 2 gènes tordus, le premier étant de ne craindre aucun document administratif, le 2e, d'accepter d'aider la cause perdue de la principale intéressée.
Vous, vous n'avez pas dû la questionner pendant 90 minutes sur son emploi du temps de 1963, à rechercher sur Internet les faits marquants de cette année-là pour tenter de la resituer un tant soit peu. Vous, vous avez échappé à sa vie miséreuse qu'elle a oublié depuis longtemps et à ses larmes, signe que je remuais une époque dont elle avait préféré occulter le goût trop amer.
Vous, vous n'imaginez pas un instant le stress que lui occasionne un coup de fil à l'étranger.

Il est vrai, cher Monsieur D., qu'on vous imagine aisément installé derrière 5 ordinateurs reliés, sinon entre eux, à un méga-serveur certainement situé sur Mars, pour me faire patienter 20 minutes entre chaque requête et devoir vous reconnecter à chaque vérification. Au n°11 de la rue Vauban, c'est certainement un gratte-ciel qui se dresse dans cette ville française de province, tant il est compliqué d'effectuer un changement d'adresse. Vos collègues du service paiements, vous savez, ceux qui ont sorti une ancienne adresse du carton et adressé un courrier à une femme divorcée sous son nom d'épouse et qui s'étonnent aujourd'hui de ne pas avoir reçu de réponse, dites, vos collègues, ils ont des ordinateurs qui dépendent de serveurs différents des vôtres ?
Et puis, cher Monsieur D., quand au bout de 35 minutes de recherches intenses, vous avez pu mettre le doigt sur l'erreur de votre administration, c'est vous qui deviez faire le nécessaire pour régulariser toussa, parce que Dame Belle-Doche, elle, elle voudrait bien un peu de thunes, hein, un peu quoi. Vous vous souvenez ? Même que vous deviez envoyer un "lotus" pour nous envoyer un courrier qu'on n'a jamais reçu et qu'aujourd'hui, tu me dis que tu veux que JE te l'envoie ce putain de courrier.

Monsieur D., je sais pas si tu as déjà visité un autre pays que la France, mais le formulaire d'existence, ils vont bien se marrer, les Belges de la commune, quand je vais le leur demander. Nan, chez nous, y'a pas. Tu peux le comprendre ça ? Ton service "Résidents étrangers", il a pas des formulaires à faire compléter par des administrations étrangères ? Et tu voudrais que je m'envoie le document à moi ?

Puis c'est quoi c't'histoire de te renvoyer un 13e courrier pour effectuer un changement d'adresse ? Toi, tu as la bonne adresse, toi, tu voudrais pas informer tes collègues via ce que tu veux ? Puis, faudra que tu m'expliques qu'avec le numéro de sécurité sociale de Dame Belle-Doche, tu retrouves TOUT son dossier, sauf son adresse ?

Ouais, et puis j't'l'dis là, ça me gonfle que tu veuilles pas travailler par e-mail. Tu sais c'que ça me coûte de te téléphoner 40 minutes sur mon portable ? pendant que tu connectes sur ton programme Machin, pendant que ta requête Bidule tourne, moi, je raque. Tout ça parce qu'en fait, t'en fous pas une, et que j'ai juste pas d'bol d'être tombé sur toi, hein, mon champion ?

Dis-moi, Monsieur D., tu serais pas en train de me prendre pour une tarte ?

lundi 17 janvier 2011

La chronologie selon MM1

Visite familiale un peu lointaine, le jour de l'an. Une heure et demie de voiture, par des conditions atmosphériques un peu chaotiques, mais bon, on a vu pire.

MM2 a sombré depuis longtemps. Tutute clouée dans le bec, elle serre son doudou du jour dans ses bras et récupère de la fiesta de la veille.

MM1 n'a pas l'air de vouloir se reposer, trop heureuse de jouer "à la grande". Elle nous indique quel morceau elle veut écouter (disons qu'elle nous prend carrément pour un juke-box) et essaie de participer à nos discussions d'adultes :
- Maman, tu racontes une histoire ?
- Non, ma chérie, je parle d'Histoire avec papa (ouais-euh, des fois-euh, on parle de trucs intelligents-euh mon chéri et moi-euh).
- L'Histoire ? C'est quoi ?
- (Soupir. Soupir. Re-soupir. Putain c'est chiant de pas pouvoir échanger 3 mots sans être interrompus par des mineurs). L'Histoire, ma chérie, c'est la somme des événements humains, politiques, sociologiques mouarffffff. C'est tout ce qui s'est passé avant, dans le passé, dans le monde, sur la terre et même dans l'univers.
Grands yeux. MM1 a l'air impressionnée. Mais même pas en fait :
- Ah ouais, l'Histooooiiiiire, ouais, j'connais.
- Comment ça, "tu connais" ?
- Alors Maman, j't'esssplique. Nous, on est des êtres humains. Et nous, les êtres humains, avant, il y a trèèèès longtemps, on était des hommes préhistoriques. Même qu'avant d'être des hommes préhistoriques, on était des singes. Et avant ça encore, il y avait les dinosaures. Et avant les dinosaures, il y a eu la guerre 14-18 ! Tu vois, je connais !

(Merci l'école pour la leçon sur l'armistice mit contrôle à la clé !)

vendredi 7 janvier 2011

Face-à-face

Tu entends cette mère pleurer ?

Ferme la porte Cendrillon, elle a besoin d'être seule. Aucune épaule ne la soulagerait là, maintenant. Elle écrit une page de sa vie qu'elle aurait voulu ne pas avoir à écrire. Elle pose des mots qu'elle aurait préféré ne jamais accoler au doux prénom de son enfant chéri. Elle a besoin de s'isoler pour pleurer en cachette, alors ferme doucement la porte, Cendrillon.

C'est qu'il a grandi ce fils, taiseux et discret. C'en est fini du petit garçon qu'elle conduisait au foot le samedi et qu'elle suppliait de s'intéresser un tant soit peu à ses leçons. C'est un homme du haut de ses 25 ans. Un homme, taiseux et discret. Elle se demande ce qu'il écoute comme musique pour l'instant dans son IPod, et se rend compte que même ça, elle ne le sait pas. Fichu adolescent attardé. Elle se pose la question aujourd'hui, alors qu'hier, elle se demandait ce qu'il allait faire de sa vie ...

et elle, ce qu'elle allait faire de la sienne.

C'est qu'il a un cancer et qu'elle a du mal à l'encaisser.
C'est qu'il s'est enfermé dans sa chambre d'ombre et de solitude depuis l'annonce et qu'elle fait pareil.
C'est que le cordon rompu depuis des lustres ne bat plus.
Pourtant c'est son enfant, et elle voudrait connaître ses plus profondes angoisses, mais n'ose lui en parler. C'est sa chair, mais ils ne se parlent plus.

Alors, elle fait continuer la vie, en parlant du futur comme s'il n'était pas hypothéqué, le pousse à faire des projets, à se battre, à se lever. Et lui, il se dit qu'elle ne comprend décidement rien à sa vie et elle le voit bien dans ses yeux, et pense qu'il a raison, qu'elle est maladroite, terriblement maladroite, mais elle met ça sur le compte de l'amour, de la peur, de la maladie.

Lui, il est anesthésié du corps, du coeur et de l'esprit. Il en aurait bien chialé, mais son coeur s'est tari subitement. Il voudrait dormir, juste dormir pour ne plus ressentir ce malaise terrible et l'invité sournois et puissant qui s'est logé en lui, et tourne en rond de ne pas trouver d'issue.

Il va devoir lever le voile, Cendrillon, et faire face. Sans nul doute une grande première pour lui. Alors, laisse-la pleurer.